Concept de Winggles Internat
Devant vos yeux s'élève la bâtisse au sein de laquelle vous aviez toujours rêvé de pénétrer. S'y sont cumulés les souvenirs de vos parents, de vos grands-parents, de toutes ces personnes ayant porté votre nom de famille, et ce depuis maintes générations. Ce sont les terres de vos ancêtres que vous foulez en cette belle matinée, et celles qui verront naître les précisions de votre destin.
Mais nos aristocratiques familles sont loin d'être saines, et nous sommes les premiers à le savoir. Ce qui se murmure entre vos géniteurs et leurs comparses sont rarement des paroles innocentes. Tout n'est que manipulations, cruautés et débauches, et c'est averti que nous avançons dans les allées pavées, sachant déjà que nous finirons comme eux : avec un passé lourd de conséquences, et une multitude d'expériences qui forgeront l'être en devenir ; une figure populaire, un homme admiré.
Car ceux qui sortent de Winggles ne terminent pas à la rue, certainement pas. Et bien que la plupart de ses élèves aient de quoi vivre de leurs rentes, ceux qui se trouveront un emploi finiront au service de l'Etat, politiciens, avocats, PDG, ... L'université leur offre les bagages qui leur permettront de suivre les traces de papa-maman.
Se sont immiscés au creux de l'université, et ce dès le milieu du XIXe siècle, les très célèbres confréries. Triés sur le volet, leurs membres s'allient ou se battent du matin au soir, ne s'accordant aucune tréve pour ceux qui combattent, et encore moins de repos pour ceux qui festoient.
Il faut donc croire que nous avons tout ce qu'un être humain pourrait souhaiter : la richesse, une gloire promise par notre présence ici, et même une nouvelle famille afin de combler le manque d'affection ressenti durant notre enfance effacée. Nous devrions être de jeunes adultes épanouis profitant de leurs atouts considérables afin de se préparer un foyer confortable, n'est-ce pas ? Alors quelles sont ces voix qui nous chuchotent que tout va mal ? Pourquoi notre psy pose sur nous ce regard empli de compassion quand nous n'avons soit-disant rien de pitoyable ? Pourquoi ne sentons-nous pas nos coeurs cogner à tout rompre contre nos poitrines ? Il s'immisce en nous, le vide de notre existence ; ils nous parviennent, vos rires insoutenables. Et c'est ainsi que nous plongeons toujours plus loin dans la déchéance, c'est ainsi que les limites sont peu à peu estompées, au profit de notre recherche du danger. C'est lui qui nous habite, celui-là même qui nous fait plonger au plus profond des abîmes. Il ne demande qu'à nous ensorceler, et c'est avec joie que nous lui tendons la main, afin qu'il nous guide vers ses projets sournois. Il ne faut pas nous en vouloir : nous voulons juste vivre. Se dépasser jusqu'à en crever.
Et pour y parvenir, nous avons découvert un outil magnifique : X Messenger 300, plus communément raccourci à XM3 par les étudiants. Un logiciel instantané à priori banal... Si on omet le fait qu'il n'est destiné qu'à nous seuls, étudiants de Winggles. Que ce qui y est écrit y est visible aux yeux de tous nos chers petits camarades. Que les rumeurs, une fois lancées, font et détruisent nos vies à leur gré. Et quelqu'un semble particulièrement s'en amuser. Malgré cela, nous ne souhaitons pas connaître son identité.